vendredi 19 septembre 2008

Les cadres échappent à leur cancer en courant, les gamins jouent à la console

« Les enfants de moins de 13 ans ne courent plus du tout », regrette-t-on à la Fédération Française d'athlétisme, lors des inscriptions de la rentrée 2008-2009. «Les enfants passent leur temps à jouer aux jeux vidéo et à regarder la télévision, plutôt que de s'amuser à l'extérieur», ajoute l'institution.
La course est devenue un sport de loisirs. Les membres de la FFA viennent en club une ou deux fois dans la semaine et participent de moins en moins aux compétitions.
La tranche d'âge la plus représentée est celle des plus de 40 ans. Cette catégorie des vétérans remportent le plus de médailles lors des championnats. « Le vieillissement des athlètes se répercute sur les scores des grandes compétitions », notamment lors des derniers Jeux Olympiques de Pékin. Seul notre compatriote Mahiedine Mekhissi-Banabbad a récolté une médaille dans cette discipline, en argent.

Le jogging, 5e sport le plus pratiqué

Pierre Arnaud, créateur de l'histoire du sport hexagonal, explique le succès de la course hors club notamment, « parce qu'à partir d'un certain âge, faute de pouvoir participer aux compétitions, vous n'intéressez plus personne ». La France a renoncé à battre des records. Mais pas à se dandiner au rythme de son souffle dans les parcs et les forêts le dimanche.
Le pays compte 7,3 millions de coureurs, qu'ils soient occasionnels ou inscrits en clubs, selon l'Observatoire des sports. Si la plupart d'entre eux courent moins d'une fois par semaine, il s'agit du cinquième sport le plus pratiqué, derrière le vélo (20,3 millions), la natation (17,3 millions), la pétanque et le bowling (10,1 millions).
« Depuis 20 ans on assiste à une hausse très sensible de la pratique de la course à pied », indique Patrick Mignon, directeur du laboratoire de sociologie de l'Insep (l'Institut national du sport).

Montée de l'individualisme

Le succès du jogging illustre-t-il l'individualisation croissante de la société ? Pour Jacques Defrance, sociologue du sport, le joggeur symbolise « l'individu dynamique et en bonne santé ».
Une image récupérée par le président de la République, promoteur du libéralisme, de la concurrence et de l'individualisme, selon lui. Notamment quand il mouillait le maillot devant les caméras dans les rues de New York ou dans le bois de Vincennes avec François Fillon.
Selon Jacques Defrance, les cadres, qui cherchent à renvoyer une « image sportive » d'eux-mêmes contribuent à alimenter la symbolique individualiste du sport. Leur rythme est « plus fréquent » que les autres catégories sociales.
Après avoir été importé de la côte ouest des Etats-Unis, le jogging s'est développé en France dans les années 1980. Un phénomène qui correspond à l'apparition de figures modèles issues du monde de l'entreprise comme Paul Loup Sulizer ou Bernard Tapie.
Toutefois, l'historien du sport, Thierry Terret rappelle que « de nombreux coureurs se retrouvent le dimanche à 4 ou 5 pour aller courir sur 10 kilomètres », ce qui n'illustre pas une pratique individualiste de la discipline.

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