vendredi 19 septembre 2008

« Ce sont les moyens de communication qui changent, pas le nombre de disparitions »

Leurs noms sont connus, leurs visages désormais familiers. Des bambins, pas plus hauts que trois pommes, qui se sont volatilisés dans la nature. Estelle en 2003, Maddie en 2007 et maintenant Antoine.

Les disparitions inquiétantes d'enfants sont-elles de plus en plus nombreuses ? Alain Boulay est président de l'association d'Aide aux Parents d'Enfants Victimes. Chaque année, l'APEV vient en aide aux familles qui ont perdu un proche, les accompagne dans leur parcours judiciaire, personnel et administratif.


On a l'impression que les disparitions d'enfants sont plus nombreuses qu'il y a quelques années. Partagez-vous ce sentiment ?

Alain Boulay : Non. Les statistiques ont très peu de recul sur ce phénomène et la façon de compter les gens a changé. Il y a 20 ans, on ne recensait pas comme ça, alors personne ne peut dire si les chiffres augmentent. Mais pour ma part, je n'y crois pas.


Mais l'affaire de Marion, d'Estelle Mouzin, de Madeleine McCann et maintenant du petit Antoine... Quatre disparitions en peu de temps, et quatre visages qui ont fait le tour du monde.

Alain Boulay : Oui, il y a eu l'histoire de la petite Marion en 1996, mais quatre ou cinq ans avant elle, il y a sûrement eu d'autres enfants dont on ne se souvient plus aussi bien. Dans 90% des cas, les disparitions sont des fugues ou dues à des conflits parentaux, des affaires qui sont très vite bouclées. 9% des dossiers que nous traitons peuvent être jugés inquiétants. Les disparitions et enlèvements sont sur-médiatisés, mais pas si fréquents que ça finalement.


Moins de disparitions, mais une médiatisation plus importante ?

Alain Boulay : Exactement, ce sont les moyens de communication qui changent. A l'époque de la petite Marion, il y avait quatre chaînes de télévision et moins de journaux. Alors forcément, même si sa disparition a fait la Une des médias, on en a moins parlé que pour Maddie Mac Cann. Il y a 20 ans, il y avait 100 fois moins de moyens, donc on peut avoir l'impression qu'on en parlait moins.


Si les médias sont en grande partie responsables, peut-on penser que dans dix ans, on parlera encore d'avantage des disparitions d'enfants ?

Alain Boulay : Bien sûr. Tout va très vite maintenant, on peut recevoir des photos d'enfants disparus sur son portable. D'autres moyens de communication apparaîtront sûrement, encore plus ingénieux et qui permettront de retrouver encore plus vite les mineurs.


Il y existe également un tas d'associations comme la vôtre, qui permettent d'accélerer les recherches, d'accompagner les familles...

Alain Boulay : Dès qu'il y a un fait divers important, il y a création d'associations, c'est dans l'air du temps. Il existe énormément d'associations en faveur des enfants disparus les plus médiatiques. Nous, nous sommes avant tout une association de victimes. A l'heure actuelle, nous suivons 250 familles qui ont perdu un proche, assassiné ou enlevé.


Un chiffre qui paraît inquiétant tout de même...

Alain Boulay : Non, puisque la plupart du temps, ce sont à de jeunes fugueurs ou à des parents en conflit que nous avons affaire. Les disparitions et enlèvements sont sur-médiatisés, mais pas si fréquents que ça, finalement.


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