vendredi 19 septembre 2008

Communication et disparitions ne font pas toujours bon ménage


«Plus jamais ça», «J'ai créé ce blog parce que beaucoup d'enfants disparaissent et qu'il ne faut pas les oublier», «Envoyez des ballons pour faire connaître au monde entier la disparition de Denise».

Blogs de soutien, plan alerte enlèvement, campagnes d'affichage massives, messages sur téléphones portables... Les vingt dernières années ont conduit à d’incontestables progrès en matière de mobilisation lors de la disparition d'une personne.

La convention de la Haye, d'octobre 1980, constitue un premier changement réel. A ce jour, 74 Etats signataires se sont engagés à collaborer en totale transparence en cas de disparition inquiétante, pour assurer un retour rapide de l'enfant.

Le XXIe siècle connaît également une multiplication des «canaux médiatiques». Une profusion de moyens de communication qui permet d'aller très vite, très loin. Diffuser un portrait sur Internet, c'est être assuré qu'il va faire le tour du monde en un temps record.

Les multiples blogs diffusés sur le Net et plus ou moins réactualisés en sont la preuve. On ne compte pas les pages dédiées aux disparus les plus tristement célèbres. Mais chaque médaille a son revers.

La preuve, Aurélie Brousse, une jeune adolescente de 15 ans, disparue à Dourdan, alors qu'elle sortait de l'école : une histoire purement fictive. Le Net est trop souvent le vecteur de ces rumeurs, qui brouillent les pistes, mêlent vraies disparitions et canulars.

Maddie McCann, Estelle Mouzin

Les médias font leurs choux gras des disparitions en tous genres. Grégory Dubrulle, l'un des disparus de l'Isère (retrouvé vivant en 1983) a longtemps alimenté les colonnes des journaux régionaux et nationaux. Un feuilleton vendeur, pour un public français, amateur d’histoires fortes et rurales. C'était la première fois qu'un enfant victime d'un fait divers était vu «en couleur».

Depuis, chaque disparition inquiétante est reprise par la presse, les associations, les blogs. Les affiches peuplent boulangeries, commissariats, supermarchés. Une façon de ne pas oublier ces enfants. «Cependant, la communication est parfois telle qu'elle fausse les pistes», explique Annie Gourgue, de l'association La Mouette.

Pour preuve, les histoires de Maddie McCann et d'Estelle Mouzin, où les journalistes n'hésitent plus à enquêter eux-mêmes. «On voit monter un désir des familles des victimes d'être respectées en tant que telles. Et une volonté des médias d'informer. Il faut permettre que tous cohabitent dans l'harmonie», constate Annie Gourgue.

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