vendredi 19 septembre 2008

L'arme à feu s'installe en France


Sa prolifération dans les zones « sensibles » a accompagné le développement du trafic de stupéfiants. Elle sert surtout à l'autodéfense, d'où un accroissement très relatif des faits divers liés à son utilisation.

« A chaque affaire de came aujourd'hui, on déniche des armes. » Bernard Pasqualini, chargé de relations à l'IGNA (Institut génétique de Nantes Atlantique), ancien commissaire divisionnaire, a suivi du terrain l'évolution de l'arme à feu dans les zones sensibles, lors d'opérations anti-drogue. « On vient de trouver un lance-roquette à la Courneuve, chose impensable il y a 5 ans. J'aimerais savoir son utilité là-bas. »

Taser, matraques électriques, lance-roquettes ... Une poudrière ?

« Durant les années 90, on a longtemps fantasmé à ce propos. On évoquait un phénomène massif et grandissant. » D'après le commissaire, à l'époque, ces angoisses relayées par la télévision n'étaient guère fondées. Mais « à l'heure où la société aurait des raisons de s'alarmer, silence radio. »

Matraques électriques, lance-roquettes, Taser, fusils à pompe, carabines 22 ... On trouve de tout. Les saisies ont augmenté de 20% en 2007, passant de 5000 à 6000 en un an. Des fusils d'assaut Kalachnikov ont été récupérés récemment en France, sur des affaires liées au grand banditisme. l'Observatoire national de la délinquance observait déjà une augmentation de 9,5 % des armes saisies entre 2005 et 2006.

Équilibre de la terreur : peu de tirs irréfléchis

Pourtant, les faits divers de l'arme à feu semblent stagner ou presque dans les zones sensibles. Le commissaire-divisionnaire s'en étonne. « Au vu de ce qu'on trouve à chaque opération anti-drogue, il est clair qu'on est assis sur une poudrière ».

Souvent inusitée. Les détenteurs de cette artillerie légère ne cherchent pas à tuer. Les armes servent à se défendre, dans les milieux du trafic où violence et concurrence règnent en maîtres.

Le commerce adoucit les mœurs. Pas si néfaste, donc, le bilan des affrontements de Villiers le Bel (novembre 2007) et des suivants. La police peut remercier les « grands frères », parfois trafiquants, qui contiennent tant bien que mal les « petits », plutôt branchés émeutes. Outre l'ordre public, les guérillas infantiles perturberaient l'activité des ainés.

D'après Bernard Pasqualini, « Le business a explosé depuis les années 90. Aujourd'hui tout se monnaye, du moment que la demande est là. Celle de l'arme à feu a augmenté en même temps que le trafic de stupéfiants. »

Outre les cambriolages chez les particuliers, les échanges sur Internet en France et en Europe faciliteraient leur prolifération. Leur flux élevé passe à travers les mailles des système de contrôle du Web. Par ailleurs, des fuites d'armes de guerre advenues depuis l'épisode des Balkans alimentent encore aujourd'hui le commerce parallèle.

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