vendredi 19 septembre 2008

Le pétrole repasse la barre des 100 dollars

Le baril de pétrole a vécu une semaine agitée et contradictoire. Après avoir frolé la barre des 90 dollars en début de semaine, le brut est repassé au-dessus des 100 dollars jeudi à New York, entamant vendredi sa troisième journée consécutive de hausse.

Plusieurs facteurs soutiennent artificiellement le prix du baril. Les pays de l'OPEP (l'organisation des pays producteurs de pétrole) ont décidé la semaine dernière de réduire leurs livraisons de 500 000 barils par jour afin de raréfier l'offre. Dans le même temps, la guerre du pétrole au Nigéria, le second producteur africain, menace l'activité des compagnies pétrolières de la région et leurs possibilités d'approvisionnement.

Selon le président de Lipow Oil Associates, Andy Lipow, « les intervenants voient également le pétrole comme un investissement sûr, comme l'or, où placer son argent, parce qu'ils n'aiment pas ce qui se passe sur les marchés actions. » Les investisseurs misent sur cette nouvelle valeur refuge et relancent les cours à la hausse. Le directeur des marchés du pétrole à l'Agence internationale de l'Energie (AIE) admet cependant qu'un « juste prix du pétrole pour les producteurs et les consommateurs se situait autour de 80 dollars le baril. »

7 centimes de plus à la pompe depuis mars

Inquiétés par l'actuelle crise financière et les chiffres inquiétants du chômage aux Etats-Unis, les marchés craignent un ralentissement économique mondial. Malgré une chute du prix du baril de 55 dollars cet été, la consommation de produits pétroliers s'essouffle logiquement. Les Etats-Unis ont connu une baisse de 4,4% sur les quatre dernières semaines.

En France l'impact est encore plus lourd, avec une chute historique de 12,3% de consommation de carburants en août 2008 par rapport à août 2007. L'explication est simple : lors des six derniers mois les prix à la pompe ont progressé en moyenne de 7 centimes d'euros au litre selon Ouest France. Soit une augmentation de 4,20€ pour un plein de 60l.

Interrogé sur cette flambée des prix, Christophe, conducteur de taxi, estime que son budget en carburant représente aujourd'hui « plus du triple » par rapport à ses débuts en 1990. « L'essence me coûte environ 1000€ par mois pour le taxi » regrette ce père de famille inquiet pour ses enfants. Les prix à la pompe atteignent selon lui un seuil jugé « critique ».

Certaines compagnies pétrolières restent cependant optimistes. Dans un communiqué, Total annonce « rester confiant dans ses perspectives de résultats. » A ce titre, une avance de dividendes au titre de l'exercice 2008 sera augmentée de 14%. Quand les automobilistes grimacent, les actionnaires se frottent les mains.

Laurent MAURICE

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